Manga

Inside full bloom, Wakame Kuki

Mais ça m’est égal que mon printemps ne vienne jamais. Qu’on me laisse tranquille. Je préfère rester un bourgeon pour l’éternité.


Humble lecteur٠rice, en raison de la présence de scènes sexuellement explicites, soit informé٠e que ce manga se destine à un public averti ! 😉


Ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé avec tous les coups de cœur que j’ai eus en ce début d’année, mais autant le dire de suite je n’ai pas beaucoup apprécié ma lecture. J’ai acheté ce manga par pure curiosité, je trouvais la couverture jolie et le résumé de la quatrième de couverture me donnait envie. Ce one-shot est le premier manga de Wakame Kuki, un yaoi (une romance homosexuelle pour ceux qui ne savent pas), genre que je dévore actuellement… Et à force d’en lire, j’ai remarqué que le consentement n’était pas toujours respecté dans les relations, voire même que l’agression sexuelle était banalisée, ce qui me met fortement mal à l’aise. C’est exactement le problème que m’a posé Inside full bloom et ce pourquoi j’ai eu une lecture très mitigée.

Pour résumer, Kana est un jeune étudiant qui, à cause d’un événement traumatisant dans son enfance, n’assume pas son orientation sexuelle et la cache à tous. Un jour, ses amis l’invitent à une soirée pour rencontrer des filles de la fac et il y fait la connaissance de Keigo qui, à l’inverse, n’a aucune honte à affirmer qu’il est gay. Mal à l’aise, Kana se prend une immense cuite et se réveille le lendemain, nu, dans une chambre d’hôtel, avec Keigo à ses côtés. En colère contre lui-même, et contre l’attitude nonchalante de Keigo, il fait tout pour le repousser et ne veut plus jamais le revoir. Mais Keigo ne se laisse pas démonter et poursuit Kana pour essayer de le comprendre (et parce que ça l’amuse). Les deux jeunes hommes vont alors se rapprocher et peut-être vont-ils réussir à guérir de leurs traumatismes…

Dans un premier temps, j’ai surtout beaucoup apprécié le dessin que j’ai trouvé assez atypique avec des effets un peu brouillons dans les mouvements qui m’ont plu. Ainsi, la mise en scène est bien gérée, et les émotions des personnages bien retranscrites avec notamment leurs visages très expressifs. Pour le coup je n’étais pas déçue, j’ai retrouvé dans le manga la qualité de dessin visible sur la couverture !

Concernant l’histoire, de manière générale, je n’ai pas d’avis particulier à donner. Le postulat de base est très classique et son évolution aussi. Pour autant, ça ne m’a pas déplu, je ne recherche pas particulièrement l’originalité dans mes lectures mais plutôt une histoire bien menée avec de l’émotion juste (sans pour autant tomber dans le pathos…). On retrouve aussi une certaine forme de poésie dans le manga que j’ai appréciée, avec l’analogie entre la couleur des tulipes, le printemps et la difficulté que ressentent les deux jeunes hommes à s’épanouir.

Mais, je trouve que tout cela est gâché par le fait que Keigo ne respecte absolument pas le consentement de Kana ! J’ai l’impression que la violence sexuelle y est banalisée et ça me pose problème. Déjà, la première fois que les deux personnages couchent ensemble, Kana était tellement bourré qu’il peine à se rappeler comme il en est arrivé là. Alors que Keigo, lui, est sobre. Du coup, pour moi, c’est déjà problématique de profiter d’une personne saoule… Puis, la scène la plus édifiante vient quelques pages plus loin, lorsqu’ils se retrouvent chez Keigo. Kana dit plusieurs fois « non, stop, sérieusement arrête », le sens est assez clair… Et la réponse de Keigo est « tiens-toi tranquille », « laisse-toi faire », « à force de te débattre tu risques de te faire mal », « abandonne »… Même si Kana finit par apprécier ce qu’il se passe, ça reste du viol. Et de ce viol, en découle une romance. C’est donc ça qui a totalement gâché ma lecture ! Je n’apprécie pas que la violence sexuelle, un sujet grave, soit montrée comme si c’était quelque chose de normal ou de romantique.

De manière générale, dans certains yaoi, le viol et l’agression sexuelle sont souvent acceptés par les personnages, et donc validés par les auteurs. Sachant que ces titres parlent de sexualité, d’amour, de construction de relation, d’identité sexuelle, etc., il aurait été, selon moi, plus juste de dénoncer ces violences au profit de la valorisation d’une relation saine. Ce qui n’empêche pas l’érotisme, comme certaines lectures savent très bien le faire (L’étranger de la plage, Therapy Game, Le bonheur du démon…).

Aussi, je dirais que ce manga est symptomatique des problèmes que peut rencontrer le genre du yaoi en général. Aussi, malgré une jolie fin plutôt touchante, je n’ai pu apprécier cette lecture. Et c’est bien dommage !


Inside full bloom de Wakame Kuki
Boy’s love IDP
7,95 €
Sortie française le 10 janvier 2020

2 commentaires sur “Inside full bloom, Wakame Kuki

  1. Je viens de lire ton article.
    En effet, la couverture est très attrayante et les personnages sont bien dessinés.
    Je n’ai jamais lu de Yaoï, mais celui-là ne me tente pas plus que cela finalement.
    Ça me fait un peu penser à la série You dans une moindre mesure, où le personnage totalement pervers était amené de manière « sexy » à l’écran (et après tu avais sur internet des nanas et des mecs qui fantasmaient sur cette idée…).

    Nop sujet très délicat, surtout vis à vis du consentement (qui plus est aujourd’hui en FR mais aussi au Japon !)…

    Tiens ça ferait un bon sujet d’article prochainement ! A méditer !
    En tout cas, merci pour ton honnêteté. Et surtout ça fait du bien de lire ça.

    Aimé par 1 personne

    1. J’ai commencé la série You et je ne l’ai pas terminé, ça ne me plaisait pas trop. Je ne comprends pas non plus comment on peut avoir un crush sur un stalker meurtrier… De la même manière, il y a Christian Grey de 50 nuances de Grey qui fait fantasmer tellement de gens alors que c’est quand même un psychopathe. S’il était moche et pauvre il serait en prison ! Mais oui, ça ferait un très bon sujet d’article, voir même un gros dossier, il y a tellement à dire !

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