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Blue Giant – tomes 1 à 10, Shinichi Ishizuka

Avez-vous déjà entendu le terme « Blue Giant » ? C’est une géante bleue, une étoile dont la température est si élevée que sa lumière passe de rouge à bleue. Quand j’étais jeune, avec mes amis, c’est comme ça qu’on appelait les musiciens de jazz les plus brillants de la planète. Je suis peut-être mal placé pour parler, vu que j’ai échoué, mais j’ai bon espoir que Dai devienne une Blue Giant. (tome 3)

Blue Giant est un seinen manga en dix tomes, publié au Japon de mai 2013 à août 2016. Il s’agit de la seconde série de Shinichi Ishizuka après Vertical, un manga sur l’alpinisme qui avait eu beaucoup de succès. Pour sa nouvelle série, l’auteur a puisé dans sa passion de toujours, le jazz, et raconte l’ascension d’un jeune prodige du saxophone ténor. En réalité, Blue Giant n’est que la première partie de ce manga, dont le troisième et dernier acte est toujours en cours de parution au Japon. Cela faisait un moment que ce titre me faisait de l’œil, avec son thème original et son style rétro. La série faisant pas mal parler d’elle sur les réseaux, notamment avec la sortie des premiers tomes de Blue Giant Supreme l’été dernier, j’ai donc décidé de me lancer moi aussi dans cette aventure musicale. Et on peut dire que ce fut un immense coup de cœur, puisque j’ai enchaîné les dix tomes sans m’arrêter !

Dai Miyamoto est en terminale au lycée Aoba 2 de Sendai, au nord-est de l’île de Honshû. En dehors des cours, des activités du club de basketball et de son job à temps partiel dans un garage, il passe tout son temps libre à jouer du saxophone, seul, sur les berges de la rivière Hirose. Son rêve : devenir le meilleur jazzman au monde !

Voilà pour le pitch de départ de ce seinen, où l’on suit le quotidien de cet adolescent animé par une passion brûlante pour le jazz. Dans le premier tome, on voit bien que ses amis et ses proches ne comprennent pas son enthousiasme pour cette musique à la réputation désuète et peu populaire au Japon, surtout auprès des jeunes. Et justement, voir Dai se démener en complet autodidacte pour essayer de se rapprocher de son rêve et pour faire découvrir ce qu’il aime dans le jazz à son entourage a quelque chose de particulièrement grisant. J’ai très vite éprouvé beaucoup de sympathie pour ce personnage dont rien ne peut ébranler la motivation, dans le même genre que des héros de shônen sportifs ! Ainsi, pour vivre son rêve, le jeune homme n’hésitera pas à quitter ses amis et proches de Sendai dès la fin du lycée pour tenter sa chance à Tokyo. Et malgré toutes les galères auxquelles il devra se confronter, son enthousiasme demeurera intact :  cela force l’admiration, vraiment !

Bien entendu, ce sont les rencontres que le jeune saxophoniste va faire et les épreuves qu’il va traverser qui vont le faire progresser sur la voie qu’il a choisi de suivre. On fait ainsi rapidement la connaissance de la figure classique du mentor personnifié par Yui, un joueur de saxophone professionnel qui donne des cours pour arrondir ses fins de mois difficiles. Comme on s’en doute, il doit reprendre l’apprentissage de Dai dès le début car le jeune homme ne possède aucune base théorique ou pratique, et joue uniquement à l’instinct. Mais au fil des leçons très strictes de son professeur, une très belle relation se construit de manière touchante et avec beaucoup d’humour : les expressions dépitées de Dai face aux reproches de son professeur valent le détour !

Parmi les autres personnages marquants croisés lors de cette première partie du long chemin de Dai, difficile de ne pas parler de Yukinori, un pianiste virtuose dont notre héros fait la connaissance lors d’un de ses concerts, un soir à Tokyo. Ce personnage représente le parfait opposé de tout ce que dégage Dai. Il fait du piano depuis ses 4 ans, et possède donc des connaissances théoriques qui font cruellement défaut au jeune saxophoniste. Au niveau du caractère, il semble assez narcissique et dragueur, et il n’hésite pas à dire sans filtre ce qu’il pense. Cela crée forcément des tensions avec Dai, et la relation entre les deux jeunes musiciens est assez tendue dès leur rencontre. Lui aussi rêve de gloire, et annonce clairement à Dai qu’il veut se servir de lui comme d’un tremplin pour atteindre le sommet, en formant un groupe avec lui. Mais rapidement, on se rend compte que Yukinori doit, lui-aussi, trimer dur pour gagner de quoi vivre en cumulant plusieurs boulots, et que tout son salaire passe dans sa passion pour le jazz. J’ai commencé à éprouver bien plus de sympathie pour lui à partir du moment où il entend Dai jouer du saxophone pour la première fois. J’ai été très ému par sa réaction brute, face à ce talent prodigieux développé en seulement trois années de pratique contre quatorze chez lui…

De ces différences entre les deux jeunes musiciens va ainsi émerger une nouvelle dynamique qui va définir leur groupe. Un troisième membre va d’ailleurs rejoindre le duo à la batterie, en parfait novice ! Il s’agit de Shunji, un ami du lycée de Dai, qui est à Tokyo pour ses études, mais en perte totale de motivation. Voyant là une opportunité de développer une vraie passion, il va dépenser une énergie phénoménale pour tenter de combler le fossé qui le sépare des deux prodiges avec qui il souhaite partager la scène. Si les débuts sont difficiles, le trio va commencer à se bâtir une solide réputation, au cours de prestations enflammées où les trois jeunes hommes se donnent véritablement à fond sur scène ! Ainsi, petit à petit, ce n’est plus la seule évolution de Dai que l’on va suivre mais celle de chaque membre de ce trio, chacun avec ses doutes, ses peurs et ses rêves, et j’ai été très séduit par cette belle idée de narration.

Graphiquement, le titre a un côté rétro qui me plaît beaucoup, avec un character design riche qui m’a rappelé Naoki Urasawa, et des visages très expressifs. Autre qualité : les décors, qui sont tous réalistes et très fournis, que l’action se déroule à Sendai ou à Tokyo. Quant aux scènes musicales, elles sont le pilier de la série, et c’est là que le mangaka déploie tout son talent de mise en scène. Ces séquences incroyables dégagent énormément d’énergie et sont si pleines d’émotions que je ne peux les décrire avec des mots : on pourrait presque entendre la musique ! Comme je rêve de voir tout cela adapté en série d’animation un jour… D’autant que la qualité graphique du titre ne fait qu’augmenter au fil des tomes, pour un rendu qui m’a véritablement bluffé !

J’ai ainsi adoré chaque moment de cette première partie de l’odyssée musicale de Dai, consacrée à l’adolescence du héros. Les moments musicaux sont étourdissants, et le titre donne vraiment très envie d’écouter tous les célèbres jazzmen que Dai et ses amis idolâtrent (John Coltrane, Dexter Gordon, Sonny Rollins, etc.). Mais on peut tout à fait l’apprécier même sans rien connaître au jazz, grâce à sa narration maîtrisée, la richesse des thématiques abordées, à ses personnages attachants et bien construits, mais surtout grâce à son intense puissance émotionnelle. Il me tarde de savoir ce qui attend Dai en Europe dans Blue Giant Supreme !


Blue Giant – tomes 1 à 10, de Shinichi Ishizuka
Éditions Glénat
7,60 € le tome
Sortie française du tome 1 le 06 juin 2018

3 commentaires sur “Blue Giant – tomes 1 à 10, Shinichi Ishizuka

  1. ha mais c’est drôle, parce que j’avais jamais entendu parler de ce manga, et je l’ai découvert cette semaine suite à la sortie du tome 4 de la suite (blue giant supreme)!! Jusqu’ici j’avoue que tous les mangas parlant de musique que j’ai lus, étaient vraiment super, et mon libraire m’a dit que celui là était top aussi…tu me confirmes donc que je dois l’ajouter à ma liste « à lire »…

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