Fantastique·Jeunesse

Kaimyô, le nom des morts – Tome 1 : Les papillons de Kobé, Bertrand Puard

Il y a le grand livre de la vie, qu’on écrit chacun pour soi, et puis ce sont les autres qui consignent la vérité, dans les marges, en prenant des notes. Enfin, c’est ma conception. (page 101)

Très attiré par son résumé et par sa superbe couverture qui promettait un mélange entre les cultures japonaise et française, j’avais sélectionné le premier tome de cette nouvelle série lors de la dernière édition de la Masse Critique Jeunesse/Jeunes adultes de Babelio. Merci aux éditions Gulf stream pour cette lecture qui m’a fait passer un moment très agréable !

Lorsqu’il avait cinq ans, le petit Rieko Taniguchi a été témoin de la disparition de ses parents, forcés à descendre de leur voiture par un groupe d’inconnus alors qu’ils roulaient vers le port de Kobé. Il ne retient de cet événement qu’une vision : celle de deux papillons aux ailes jaunes avec des points verts qui passent devant son visage avant de se poser sur le champ de coquelicots qui bordait la route… Obsédé par ce mystère, Rieko a, depuis, fondé au Japon sa propre société et enquête sur les circonstances du décès de personnes isolées. Aujourd’hui cinquantenaire, il arrive à Paris pour ouvrir une succursale de sa société et va très vite faire la connaissance de Nouria, une adolescente à l’esprit vif qui a le don de communiquer avec les esprits des défunts ! Leur collaboration va les conduire à enquêter sur le décès d’une japonaise, dont le destin semble lié de façon troublante au passé de Rieko : le voile va-t-il enfin se lever sur le mystère qui le hante depuis toujours ?

Construit à la manière d’un polar, ce roman se lit très facilement, et le style de l’auteur est simple et agréable. J’ai eu un peu de mal avec le début qui décrit l’arrivée de Rieko à la capitale avec énormément de précisions géographiques pour situer l’action dans des rues et des quartiers précis de Paris. Je n’ai pas trouvé que cela apportait quelque chose au récit, mais c’est peut-être mon ressenti personnel en tant qu’amateur de littératures de l’imaginaire…

Mais j’en arrive justement à un point intéressant ! La première partie adopte volontairement une narration à la troisième personne, assez factuelle et distante, centrée sur les actions et les pensées de Rieko. Et d’un seul coup, tout bascule : c’est la jeune Nouria qui prend habilement la relève, et décide de raconter la suite de leur enquête à sa façon de manière beaucoup plus vivante et en interpellant souvent le lecteur, comme dans un journal. J’ai adoré ce changement de style, et je dois reconnaître qu’à partir de cet instant j’ai été véritablement plongé dans le roman, et que les pages se sont enchaînées toutes seules : une très belle idée de l’auteur !

Cette différence de style évoque les personnalités bien distinctes des deux héros du roman : un japonais d’âge mûr, tout en politesse et en réserve, et une jeune française de quatorze ans, dynamique et spontanée. J’ai senti qu’il était important pour l’auteur de montrer que ces différences de comportement, liées à l’âge mais aussi à la culture de chacun des deux protagonistes, ne les empêchent absolument pas de développer une vraie relation d’amitié et de confiance, qui va s’approfondir tout au long de ce tome. Pour mener leurs investigations, entre l’expérience de Rieko et le mystérieux don de Nouria, j’ai trouvé qu’ils formaient un duo bien complémentaire, même si c’est surtout l’adolescente qui mène la danse dans la deuxième partie de l’enquête !

J’ai bien apprécié le premier tome de cette duologie teintée de fantastique, qui se destine à un lectorat amateur d’enquêtes et de culture nippone, mais tout de même assez jeune. Si les personnages sont intéressants et bien construits, au vu du titre et de la thématique, je m’attendais à ce que le côté spirituel et mystique soit un peu plus mis en avant, j’ai trouvé cela dommage. Mais malgré cela, je me suis facilement laissé emporter par l’intrigue qui avance très vite, parfois trop à mon goût. En effet, dans les dernières pages suivant la résolution de l’enquête principale, j’ai eu à peine le temps de respirer après toutes ces révélations que les événements se sont enchaînés jusqu’à la toute fin du tome, qui se conclut sur un malin cliffhanger. Si on a accroché à l’histoire et aux personnages, on ne peut qu’avoir envie, comme moi, de lire immédiatement la suite !


Kaimyō, le nom des morts – Tome 1 : Les papillons de Kobé, de Bertrand Puard
Gulf stream éditeur
15 €
Sortie française le 6 mai 2021

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